Le choix d’évaluer les élèves en fin de CM2 entérine la mise en place d’évaluations bilans tout au long de l’école et du collège, ce qui fait craindre aux syndicats, malgré les dénégations du ministère, la tenue de véritables« examens », notamment d’entrée en 6e.
Organisées jusqu’alors en janvier, les évaluations nationales de CM2 le seront à partir de 2012 en fin d’année scolaire, a annoncé ce mardi le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel.
« Nous avons fait le choix d’une évaluation bilan parce que notre système éducatif, pendant trop longtemps, a manqué de moyens de s’apprécier, de se comparer », a-t-il expliqué. Et d’ajouter aussitôt : « Ce ne sera pas un test, j’ai toujours dit que je n’étais pas favorable à un test à l’entrée en 6e. Cette évaluation se passera après l’affectation des élèves en 6e et elle permettra de mesurer les performances de notre école avant de passer au collège ».
Critiques de l’enseignement
Malgré ces assurances, le milieu de l’enseignement s’interroge sur les intentions du gouvernement. « Ces évaluations vont devenir au fond des examens, perçus comme tels, et on va vers du bachotage », a déploré Christian Chevalier, secrétaire général du deuxième syndicat du primaire, le SE-Unsa. « En fin d’année, on est sur des évaluations faites pour classer et sélectionner les élèves, pas pour les aider à progresser et aider leurs enseignants », a résumé Sébastien Sihr, numéro un du premier syndicat, le SNUipp-FSU, en critiquant un choix qui « fleure bon l’école de grand-papa ». À terme, « on se demande si l’intention du ministère n’est pas de rétablir un examen de passage en 6e », a-t-il ajouté.
La majorité embarrassée
La majorité au pouvoir paraît très divisée sur cette nouvelle mise en place d’évaluations bilans. D’un côté, les comparaisons internationales montrent que les pays où les élèves suivent le plus longtemps un « tronc commun », avec peu de redoublements, sont aussi ceux où les résultats scolaires sont les meilleurs. De l’autre, la logique de l’examen d’entrée en 6e serait de rétablir la sélection et favoriser les redoublements, alors que la France en est déjà la championne du monde.