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15 août 2017 2 15 /08 /août /2017 11:47

La gauche est mouvement.

 

Lors des élections législatives de 1993, la Gauche était défaite et bien défaite ! Les pythonisses de tous genres prédisaient même qu’elle ne s’en relèverait pas. Notons en passant que la proportion de députés RPR et UDF qui allait amener le président Mitterrand à choisir Edouard Balladur comme premier ministre était supérieure à ce que représente aujourd’hui la majorité dite présidentielle. C’est alors qu’un jeune élu appartenant à la nouvelle génération de socialiste prit la plume et publia, aux éditions isoète, à Cherbourg, un petit opuscule qu’il convient de relire aujourd’hui au prisme de l’histoire. Ce jeune élu termina le quinquennat précédent comme Premier ministre. Dans La Politique Retrouvée, tout est dit. Bernard Cazeneuve, en un style aussi concis que précis analyse avec une lucidité mais aussi une honnêteté qui mérite d’être soulignée les raisons de la débâcle.  Pour l’essentiel l’analyse peut être reprise. Quelques exemples : p. 70 « … l’américanisation du système politique français fait son œuvre et menace les équilibres de notre société. Ce n’est pas si loin l’Amérique ! ». Nous étions en 1994 ! Les exemples pourraient être multipliés car chaque analyse est ciselée. Allons à la conclusion : « L’intérêt général doit devenir le seul guide de la puissance publique… Dire ensemble c’est retrouve l’amour de la République, c’est accepter de s’effacer devant l’exigence de l’intérêt général. Seuls, confrontés au miroir de leurs ambitions, les hommes ne s’effacent jamais. Il faut toujours que les institutions les guident ou les supplantent » p. 110-111. A moins de faire en sorte de diminuer le pouvoir des institutions ou de les plier à la volonté d’un seul pouvoir… « Il est des aveuglements partisans, des capitulations ou des scléroses de la pensée politique, de lâches abandons pour séduire alors qu’il faudrait convaincre, qui scellent pour longtemps de sinistres réputations ». Et plus loin : « Pour ne pas en avoir pris l’exacte mesure, ils assistèrent impuissant à la désagrégation de leurs certitudes et au sacrifice de leurs idéaux sur l’autel de l’action gouvernementale, sacralisation de la bourse, orthodoxie monétaire, « euro-béatitude », dérégulation de l’économie, délocalisation des entreprises et des emplois… »  Trop de renoncements ne peuvent qu’impliquer davantage de faiblesse, ouvrant grand la porte aux populismes provenant de la dégénérescence de la démocratie en démagogie qui veut qu’on flatte, en les exaltant, les sentiments et les passions de l’opinion ».

En 1993, la gauche quittait le gouvernement en ayant anéanti l’espérance. L’ardeur à changer la vie était perdue. Aujourd’hui, les pythonisses sont de retour. Mais tant pis pour tous les fossoyeurs en herbe des idéologies de progrès, la gauche est toujours en mouvement. Elle l’est d’autant mieux qu’elle peut s’appuyer sur des valeurs sûres de serviteurs de l’Etat intègres fidèles à leurs convictions. La lecture de ce petit opuscule de Bernard Cazeneuve est incontestablement à recommander. Elle est salutaire ; elle est vivifiante. Elle permet d’espérer car l’espérance indique un chemin à suivre loin des démagogies ambiantes, du superficiel et de la communication du vide pour reprendre une expression de Lipovetski. Le combat n’est jamais fini. L’espérance est le mouvement. La gauche est toujours en mouvement. C’est la gauche en mouvement.

 

Bernard Cazeneuve, La Politique Retrouvée, Cherbourg, Isoète, 1994, 118 p.

LA GAUCHE EST TOUJOURS EN MOUVEMENT
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Published by Yves Marion - dans Mes lectures