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12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 18:31

Il n’est de question touchant au domaine de l’école qui ne soulève aussitôt des flots d’avis les plus divers. Chacun en la matière se déclare volontiers « expert » et demande à ce qu’on l’écoute. Ce qui est vrai pour l’éducation ne l’est pas, ou à un degré moindre, pour d’autres politiques comme celles de la Défense, de l’Agriculture ou de la Santé, jugées sans doute trop techniques. Que dire du choix de tel engin balistique par exemple ? Mais l’éducation, tout le monde connaît et peut donner un avis. En général, ce sont des opinions pas toujours aussi étayées ou argumentées qu’il pourrait être souhaitable. L’histoire de l’éducation, en effet, ne se réduit pas à celle de ses réformes. Loin s’en faut. A ce titre, il ne saurait être trop conseillé la lecture de l’ouvrage de l’historien Antoine Prost qui propose une bonne synthèse sur les soixante-dix années de réformes de l’éducation. En effet, qui se souvient de Beullac et ses premières initiatives de rencontres de l’industrie et de l’école , du « Nouveau contrat pour l’école » présenté par le couple Balladur-Bayrou, sous forme de « 155 propositions », de Gilles de Robien et de bien d’autres encore en passant par Jack Lang ou Lionel Jospin et sa réforme de la formation des maîtres ? Depuis 1958, ils ont été nombreux les ministres de l’éducation (plus d'une trentaine sans compter les secrétaires d'Etat) à se succéder en attachant leur nom à une réforme. Et ce n'est pas fini !

 

Antoine Prost, appelle « réforme » « tout changement important et voulu par les autorités responsables ». Une réforme n’implique pas nécessairement une amélioration en outre, cette définition exclut ainsi les changements mineurs. L’abandon des blouses et sarraus (confondus souvent avec la notion d’uniforme) ou sa remise en vigueur est de ce type. Les sociologues précise l’historien, distinguent trois niveaux de changement. Un premier niveau dit mécanique qui ne touche ni à l’architecture ni au gouvernement et pas davantage à l’organisation qui constituent le niveau organique sans altérer les principes de fonctionnement, par exemple le collège unique voulu par la loi Haby de 1975. Enfin les changements structurels ou paradigmatiques qui remettent, eux en question, les fondements mêmes de l’institution. A cette grille de lecture, peuvent être soumises les différentes réformes proposées en observant que depuis le début du XIXe siècle on a assisté à deux - et deux seulement - refondations de l’école. Celle de la République, de Jules Ferry à 1902, et celle, plus proche de nous, la refondation gaullienne des années 1960 nous faisant entrer de plein pied dans le processus d’égalitarisme souhaité par le Manifeste des Compagnons de l’université après la Première Guerre mondiale. Vincent Peillon proposait, il y a peu encore, une Refondation de l’école finalement assez mal comprise et rejetée. Selon AntoineProst, "Le début du XXIe siècle voit ainsi émerger une configuration nouvelle qui restreint dramatiquement l'espace possible d'une réforme de l'éducation." (p. 324). A ce constat pessimiste l'auteur oppose une vision plus optimiste en considérant d'une part, que tout a une fin et, d'autre part,  qu'il y a une nécessité qui s'accentue avec le temps. 

Bref, pour étayer ses propos, nous ne saurions trop conseiller, pour le plus grand profit de l'argumentation, de se plonger dans cet ouvrage proposé par Antoine Prost :

 

Du changement dans l’école. Les réformes de l’éducation de 1936 à nos jours. Paris, Seuil, Coll. UH, L’univers historique, 395 p.

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Published by Yves Marion - dans Histoire de l'école