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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 09:29

Sous le titre ' Handicap : pour une scolarité ordinaire", Ouest-France du 21 septembre 2010, p. 10, informe de la signature d'une convention signée entre le monde médico-social et l'inspection académique du Calvados. 

Depuis longtemps, en effet, l'Education nationale mettait, sous des formes différentes selon les époques, des personnels enseignants, le plus souvent du premier degré, pour assurer la scolarisations des jeunes dans les établissements spécialisés (IME, IR, etc. pour ne garder que les anciennes appellations), dans lesquels ils étaient admis en application de la loi de 1975. 

Les temps ont changé. La loi de 2005 postule la pleine citoyenneté de la personne reconnue en situation de handicap et son droit à revendiquer une posture sociale ordinaire, moyennant les aides et compensations utiles et nécessaires. L'école, l'école de la République, l'école pour tous, l'école de tous, ne saurait s'en distraire. Reconnaissons, qu'on en était loin. Beaucoup, en effet, se satisfaisaient de la situation, l'encourageaient même. Un enfant dont les capacités d'apprendre se trouvaient amoindries ou déficientes n'avait pas sa place dans l'école dont les objectif étaient clairement identifiés en termes de résultats attendus. 

En fait cette loi de 2005, concrétisant les évolutions sociales manifestées, aurait pu aller plus loin encore. Elle manque de force et de conviction. Elle aurait pu imposer aux services publics, notamment à l'école, davantage de détermination. La place d'une élève reconnu en situation de handicap est d'être à l'école de tous. Dès lors, le "monde médico-social" dont il convient de souligner l'implication, allait avoir à se positionner clairement dans le domaine qui lui est propre : mettre ses compétences au service de la scolarisation. Il entre dans le champ des aides et de la compensation. 

Or que laisse entendre l'article en parlant de "passerelles" ? Que le chemin, sans doute, est encore long pour réaliser les objectifs visés par le législateur. Certes, c'est un vrai progrès que de éducateurs spécialisés, employés des associations gestionnaires des établissements médico-éducatifs, soient détachés pour accompagner les élèves en situation de handicap dans leur scolarité ordinaire mais, en revanche, il ne dit rien de la mise à disposition de personnels enseignants dans ces mêmes établissements. Pourtant, il aurait lieu de s'interroger sur les coûts induits par le maintien de situations anciennes qui s'enracinent dans les époques où l'éducation nationale ne manifestait que peu d'intérêt pour ces populations comme l'attestent toutes les études historiques de l'éducation spécialisée. 

Cinq années après le vote de la loi de 2005, on en est là, dans le Calvados. Seulement là, dirions-nous. On pouvait aller plus vite et plus loin. Au moment du vote de la loi, les conditions étaient réunies pour mettre en place une véritable politique hardie, cohérente et efficace. Elle n'a pu se concrétiser. Force est de constater qu'en 2010, au fond, les changements ne sont peut-être pas aussi significatifs que les personnes concernées l'auraient souhaité. 

Les progrès en matière d'évolution des mentalités, on le sait, sont lents et fragiles. 

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Published by Yves Marion - dans Enseignement - scolarité