Carteret
Vieux roc, ô Carteret ! les vagues écumantes
Mordent en s’écrasant l’airain de ton butoir,
Et roulent à tes pieds, poudreuses et fumantes,
Comme frappées du coup d’un énorme battoir.
Sur tes flancs dénudés, ta cime verdoyante,
O gentil Carteret, si séduisant à voir,
Avec chaque villa, fleur coquette et riante,
Est comme un gros bouquet dans un grand vase noir.
Partout la plaine verte et ses près et ses arbres,
Ses donjons, ses clochers pareils à de vieux marbres,
Et Moncâtre, là-bas, qui monte dans le ciel.
Puis c’est la plaine encor, c’est la mer d’un vert pâle,
Avec son flot mouvant qui se tait ou qui râle
Jusqu’au lointain de pourpre où sombre le soleil.
Eléonor Daubrée
Les fleurs de mon pays. Poésies normandes.
Caen, Henri Delesques, imprimeur-éditeur, 1912, 148 p.