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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 22:00
Communication de Jean-Paul Hervieu, Président de la Société d'archéologie et d'histoire de la Manche.





Ouest-France, mardi 28 octobre 2008
Un domaine rural gaulois entier a été mis au jour
Une équipe au travail sur la nécropole découverte dans le principal enclos. Une quarantaine de corps, exceptionnellement bien conservés, ont été mis au jour. : Photos conseil général du CalvadosUne équipe au travail sur la nécropole découverte dans le principal enclos. Une quarantaine de corps, exceptionnellement bien conservés, ont été mis au jour (photos du conseil général du Calvados)
Les archéologues du conseil général ont fait vite : entre janvier et juillet, une douzaine d'entre eux ont passé au peigne fin 4 ha du site sur lequel Décathlon doit s'implanter. Ils ont découvert un établissement rural gaulois datant d'environ -500 avant Jésus Christ. Les objets sont conservés aux fins d'études et d'exposition.

 

Des fouilles rapides, quand on sait l'importance des découvertes. « C'est rare de trouver ce genre d'ensemble en Europe », déclare, enthousiaste, Pierre Giraud, protohistorien et responsable de cette fouille pour le conseil général. Les vestiges de plusieurs périodes ont été mis au jour.

Les plus anciens ¯ four, poteries, objets en silex, ossements d'animaux ¯ remontent au Néolithique moyen (environ -3 000 avant Jésus Christ). Un ensemble funéraire de la fin de l'âge du Bronze (entre -1 000 et -800 avant Jésus Christ) a aussi été mis au jour. Mais la majeure partie date de la fin du VIe et du début du Ve siècle avant Jésus Christ, soit l'âge de Fer.

15 000 fragments de poteries

Principale découverte, un enclos de 8 000 m2, entouré de profonds fossés, où se trouvait un gros établissement rural. « Une surface énorme, note Pierre Giraud. Surtout, on trouve, en un seul lieu, des traces de l'ensemble des activités de l'époque. » Des scories de fer témoignent du fonctionnement d'une forge, 15 000 fragments de poteries disent la présence d'un artisan-potier. Également, des traces d'élevage, de silos à grains, des fosses domestiques, les empreintes de bâtiments.

Certains enclos sont établis le long d'une voie gauloise, avec des fossés bordiers. Fait rarissime, l'empierrement est conservé sur quelques mètres, alors qu'on attribue souvent les voies pierrées aux Romains. « Pour construire leurs grandes voies, ils se sont appuyés sur des axes existants. »

Le chantier réservait une autre surprise aux chercheurs : une nécropole exceptionnellement bien conservée. Une quarantaine de sépultures sont alignées sur 30 m. Pour certaines avec des « torques ¯ colliers ¯ en fer et en bronze, des bracelets, des perles de corail ». Un vase funéraire complet, décoré de cannelures, est en cours de restauration. « Preuve qu'inhumation et incinération ont cohabité. » Il sera présenté dans le cadre de l'exposition « Les Gaulois en Basse-Normandie », au musée de Vieux-la-Romaine, l'an prochain.

Les graines, les os, les vestiges immobiliers et surtout les poteries, qui évoluent très vite selon les modes et les techniques, vont désormais être étudiés par les chercheurs.

« Un tel site va vraiment faire avancer la recherche », conclut Pierre Giraud.

A. L

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Published by Yves Marion - dans Recherches historiques