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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 14:44

Montebourg : une abbaye née

sous une bonne étoile ?

 

Colloque organisé par la Société d’archéologie et

d’histoire de la Manche, section de Valognes,

et l’Association des amis de l’abbatiale

de l’abbaye de Montebourg

 

Résumés

 

1. François Neveux (professeur émérite d’histoire du Moyen Âge à l’université de Caen

Basse-Normandie, vice-président de la Fédération des sociétés historiques et

archéologiques de Normandie) : « L’Essor du monachisme en Normandie au XIe

siècle ».

La future Normandie avait connu une première floraison monastique à l’époque

mérovingienne. Dans le Cotentin, on peut citer notamment les monastères de Portbail,

du Ham et de Saint-Marcouf. Tous ces monastères ont été détruits à l’époque des

« invasions » scandinaves, à l’exception du Mont Saint-Michel. Quelques abbayes

sont relevées au Xe siècle, comme celles de Jumièges et de Saint-Wandrille. Mais c’est

surtout au XIe siècle qu’on assiste à un nouvel essor du monachisme, sous l’impulsion

des ducs de Normandie. L’exemple des ducs est bientôt suivi par de nombreux

aristocrates, qui s’attachent à créer des monastères liés à leur famille, où ils font

élection de sépulture. L’abbaye de Montebourg constitue un exemple intéressant de ce

type de fondation.

2. Christophe Mauduit (titulaire d’un master 2 d’histoire, université de Caen Basse-

Normandie, UFR d’histoire) : « Les Origines de l’abbaye de Montebourg ».

La charte de fondation de l’abbaye de Montebourg, si elle a existé, ne nous est pas

parvenue. Cette « absence » nous empêche d’identifier avec certitude le « fondateur »

(laïc ou non) de l’abbaye. Trois choix s’offrent au chercheur : Richard de Reviers,

dont la sépulture affirme son statut de fondateur ; Guillaume le Conquérant, reconnu à

partir du XVe siècle par les moines de l’abbaye comme fondateur ; enfin, Roger,

moine de La Croix Saint-Leufroy, premier abbé de Montebourg, notamment accrédité

par Robert de Torigni (on serait alors dans le cas d’une fondation érémitique). La

question du fondateur renvoie à un autre problème, celui des motivations : pourquoi

une abbaye à Montebourg ?

3. Denis Hüe (Professeur de langue et littérature françaises du Moyen Âge à l’université

de Rennes 2 Haute-Bretagne, membre du CELAM) : « Le Ciel, Marie et l’abbaye ».

Extrait du Martyrologe de l’abbaye de Montebourg, le texte de la légende de la

fondation de l’abbaye de Montebourg semble dater de la première moitié du XVe

siècle. Il narre comment deux hommes justes décident de quitter leur patrie, la Savoie,

pour se consacrer à une vie érémitique dans le royaume des Francs. Après un long

voyage, ils couchent un soir sur la plage de Grandcamp. L’un des deux compagnons,

endormi dans une barque de pêcheur, est arraché au rivage par les flots et s’échoue sur

les côtes anglaises. Voyant dans cet événement un signe divin, les chanoines de la

cathédrale de Salisbury élisent le Savoyard évêque, car le poste était vacant. Durant ce

temps, l’autre compagnon, nommé Roger, poursuit son chemin. Il s’arrête sur le mont

Aphilantis, à proximité de Montebourg. Dans son sommeil, Dieu lui indique qu’il

devra fonder une chapelle ou un oratoire à l’endroit où il distinguera une lumière

céleste pareille au feu de la foudre, ou à une étoile qui descendrait du ciel en terre. La

nuit suivante, à minuit, la vision céleste se produit. À l’endroit de la forêt dégagé par

le feu divin, Roger construit une chapelle en l’honneur de la Vierge. Quelque temps

plus tard, le médecin du duc Guillaume le Conquérant, qui n’était autre que le frère de

Roger, est attiré à Montebourg par la nouvelle de cette fondation ; il reconnaît son

frère et rapporte le miracle à Guillaume, qui réside à Cherbourg. Celui-ci encourage

alors la fondation et décide qu’une abbaye doit être édifiée au lieu désigné par l’étoile.

Roger en sera le premier abbé.

4. Abbé Bernard Jehan (ancien curé de Montebourg) : « L’Église paroissiale Saint-

Jacques de Montebourg ».

L’histoire de l’église Saint-Jacques ne peut pas être dissociée de celle de l’abbaye

Sainte-Marie de Montebourg.

Édifiée par l’abbé Pierre Ozenne, elle « a été bâtie d’un seul jet et admirablement

conservée ». « Les dates extrêmes de sa construction se situeraient entre 1318 et

1329 ».

Elle se présente au visiteur dans un ordonnancement très unifié. Un regard attentif

perçoit d’importantes différences entre la nef et le choeur. Il en déduit deux époques de

travaux et deux maîtres d’oeuvre distincts. Un regard prolongé permet d’émettre

l’hypothèse d’un troisième maître d’oeuvre.

Un familier de l’édifice, curé de Montebourg pendant deux années, invite à partager ce

qu’il a vu, noté, compris d’une construction vieille de bientôt sept siècles.

5. Éric Van Torhoudt (docteur en histoire, professeur agrégé d’histoire au lycée de

Saint-Pierre-sur-Dives, membre du CRAHAM) : « Chanoines et moines à Néhou et

Montebourg (vers 1090-1147) ».

Le sujet de la communication serait de reconstituer le contexte des relations entre

seigneurs laïcs, chanoines et moines dans le diocèse de Coutances lors de l’absorption

par l’abbaye de Montebourg de la collégiale Saint-Georges de Néhou. Ces relations

sont particulièrement intéressantes dans ce diocèse qui fut un quasi-« désert

bénédictin » jusqu’en 1060 environ et dans lequel les clercs séculiers et les chanoines

préservèrent la continuité des institutions ecclésiales à travers les invasions, puis

durant le premier siècle de la période ducale.

Je reviendrai dans un premier temps sur les fondations respectives de la collégiale

Saint-Georges de Néhou (1100/1107) et de l’abbaye de Montebourg (avant 1092).

Puis j’analyserai les circonstances de la concession de la collégiale à l’abbaye (1152,

jour de la dédicace de l’abbatiale) par Guillaume de Vernon : alors que le mouvement

des chanoines réguliers réformés étaient très actifs dans le diocèse (Saint-Hélier,

Saint-Lô, Notre-Dame-du-Voeu, Blanchelande), pourquoi avoir choisi une abbaye

bénédictine ? La famille de Reviers-Vernon, protectrice des deux établissements,

restait ainsi plus fidèle à l’esprit de la fondation initiale et privilégia sa relation avec

une abbaye étroitement liée au pouvoir ducal.

6. Stéphane Laîné (docteur en sciences du langage, membre du CRISCO, président de

la Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, section de Valognes) : « Ce que le

cartulaire de l’abbaye de Montebourg apporte à la connaissance de la toponymie

cotentinaise ».

Réalisé au XIIe siècle, le Cartulaire de l’abbaye de Montebourg comporte 790 chartes

qui permettent de mieux comprendre l’espace relevant de l’abbaye dans le Cotentin,

mais aussi au-delà, jusqu’en Angleterre. Si les formes graphiques des noms de

paroisses recoupent en général les autres sources utilisées par les linguistes pour leur

approche diachronique de la toponymie du Cotentin, de nombreuses mentions, parfois

difficilement interprétables, apportent un regard nouveau sur la connaissance de la

microtoponymie. Des lieux-dits actuels acquièrent une perspective historique, tandis

que certaines occurrences laissent le chercheur dans une expectative que le croisement

des sources ne permet pas toujours de lever.

7. Patrice Mouchel-Vallon (D.E.A. d’histoire moderne, professeur certifié d’histoire au

lycée Alain d’Alençon, membre du CRAHAM) : « La radicalité de l’engagement du

clergé séculier et régulier de Montebourg dans la Ligue (1589-1598) ».

Si la conduite politique du clergé du Cotentin pendant la Ligue restait une question

chargée de mystères, tel n’était pas le cas de celle du clergé de Montebourg dont le

jusqu’au-boutisme fut l’une des caractéristiques et la sanction à la hauteur de

l’engagement personnel. Le dépouillement des arrêts du parlement de Normandie

apporte maintenant les éclaircissements qui manquaient, insistant d’une part sur

l’attitude équivoque des principaux ecclésiastiques du diocèse par opposition aux

curés de paroisse très investis dans la révolte et d’autre part le trait d’union que

représentait Montebourg entre la tête de la révolte située à Valognes et ce petit clergé

féroce du Val de Saire, son principal relais armé, sans lequel Le Tourp n’aurait jamais

pu tenir. Le clergé de Montebourg, c’est le refus des faux-semblants et du double jeu,

qui, après 1590, continue le combat au beau milieu des bois ou à l’autre extrémité de

la Normandie, même quand il est perdu. Acharnement dont les conséquences sont

lourdes pour Montebourg, qui se payent par des assassinats en pleine rue, un pillage en

règle et un déclin irréversible de l’abbaye hors d’état de rétablir ses droits.

8. Jean Margueritte (Société nationale académique de Cherbourg, inscrit en master 1

d’histoire, université de Caen Basse-Normandie, UFR d’histoire) : « Les Derniers

Moines de Montebourg, 1740-1791 ».

1766, le roi Louis XV met en place la Commission des Réguliers, composée de cinq

prélats et de cinq conseillers d’État pour examiner la situation des monastères en

France, en particulier lorsque ceux-ci sont dépeuplés voire totalement déserts. C’est le

cas de l’abbaye de Montebourg qui, depuis le milieu du XVIIIe siècle, n’a plus que

deux ou trois moines résidants. Qui sont ces religieux, et que disent-ils de leur

situation, de leur vocation, de leurs craintes lorsqu’ils comprennent que la suppression

de leur abbaye est inéluctable ? Pouvaient-ils être entendus alors que le pouvoir royal,

l’autorité épiscopale et l’opinion publique les considéraient comme « inutiles à l’État »

et peut-être même à l’Église ?

9. Julien Deshayes (animateur de l’architecture et du patrimoine, Pays d’art et d’histoire

du Clos du Cotentin) : « L’Abbatiale romane de Montebourg, une grande inconnue du

Cotentin médiéval ».

Entièrement disparue aujourd’hui, l’église abbatiale de Montebourg exerça, au même

titre que celle de Lessay, un rôle tout à fait moteur dans le développement de

l’architecture romane cotentinaise. En nous fondant sur quelques vestiges encore

identifiables et sur les représentations antérieures à la destruction complète de

l’édifice, nous tenterons, au cours de cette communication, de restituer les principales

dispositions architecturales ainsi que certains aspects du décor sculpté de cette grande

inconnue du Cotentin médiéval.

CELAM : Centre d’Études des Littératures Anciennes et Modernes (Université de Rennes 2 Haute-Bretagne) – CRAHAM : Centre de

Recherches Archéologiques et Historiques Anciennes et Médiévales (Université de Caen Basse-Normandie) – CRISCO : Centre de

Recherche Inter-langues sur la Signification en Contexte (Université de Caen B

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Published by Yves Marion - dans Amis de l'ancienne baronnie de Néhou