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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 19:18
Dès 1972, Mira Stambak et le CRESAS tentaient d'appeler notre attention sur les difficultés et échecs d'apprentissage de la langue écrite.

LA DYSLEXIE EN QUESTION, Armand Colin, 1972

Ils avaient bien raison et leurs observations et recommandations restent bien actuelles.

En porte témoignage l'ouvrage de Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale, membre de l'Académie des sciences :

LES NEURONES DE LA LECTURE, Odile Jacob, Aout 2007. 478 p.

Dans ce livre savant, on y découvre  cette définition, non moins savante, citons :

"La définition de la dyslexie prend en compte sa singularité même. Il s'agit d'une difficulté disproportionnée d'apprentissage de la lecture, qui ne peut s'expliquer ni par un retard mental, ni par un déficit sensoriel, ni par un environnement social ou familial défavorisé. Une conséquence importante de cette définition est que tous les mauvais lecteurs ne sont pas dyslexiques. Une surdité mal dépistée, un retard mental, de mauvaises conditions d'éducation, ou tout simplement la complexité des règles de l'orthographe peuvent expliquer que de nombreux enfants éprouvent des difficultés à apprendre à lire. Ce n'est qu'une fois toutes ces causes éliminées que l'on parlera de dyslexie au sens strict." p. 312 Qu'est-ce que la dyslexie ?

On mesure  le chemin encore à parcourir pour parvenir à un concept clair à défaut d'être scientifique. Mira Stambak a toujours raison d'avoir alerté l'opinion publique. Sans doute dans la définition proposée, le terme important est le qualificatif "disproportionnée" appliqué au substantif "difficulté", également conceptuellement mal défini.
Pour échapper à une telle tenaille, il faut être vraiment un écolier exceptionnel.

C'est une définition qui se veut savante et scientifique, catactérisée par la preuve, en l'occurrence par l'absence de preuve !
Mais le CRESAS, depuis longtemps a disparu. Supprimé ! Il est vrai que l'équipe ne cessait de poser des problèmes en des termes qui n'étaient guère "politiquement corrects" dans une société qui évoluait vers le "libéralisme éclairé". Dans le même temps, le débat inné/ acquis faisait rage et la pertinence des orientations scolaires, sans cesse, réinterrogés. On osait même remettre en cause les très originales classes de perfectionnement pour arrièrés mentaux créées par la loi de 1909. Certes, elles avaient évolué depuis qu'Alfred Binet avait inventé le concept d'arriération scolaire pour désigner l'enfant en difficulté d'adadaptation à l'école de la République. Combien d'enfants ont ainsi été orientés vers ces structures scolaires non sans avoir eu à subir les fameux tests du célèbre chercheur allié au Dr Simon ! 
Le CRESAS exit, la société se devait de trouver d'autres explications à un constat aussi ancien que l'école existe. C'est depuis, une trentaine d'années ce à quoi nous assistons dans un silence consensuel assourdissant. Il faut croire que tout le monde y trouve son compte.
Article posté le 15 septembre 2009, régulièrement actualisé. 

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Published by Yves Marion - dans Enseignement - scolarité