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En mai 2008, six mois avant ses 100 ans, Claude Lévi-Strauss entrait dans la bibliothèque de la Pléiade (Gallimard). Il avait choisi sept textes: Tristes Tropiques, Le Totémisme aujourd'hui, La Pensée sauvage, La Voie des masques, La Potière jalouse, Histoire de Lynx, Regarder écouter lire. Dans ce dernier recueil, il note (p. 1548): «En écoutant La Mer de Dubussy, on la voit, tandis qu'en écoutant Le Vaisseau fantôme, on sent son odeur.» L'homme qui a révolutionné les sciences sociales en s'inspirant du structuralisme propre aux linguistes était un écrivain puissant et réjouissant. En se plongeant dans son volume de la Pléiade, on le distingue et on le pressent; lui si distant de son vivant mais si présent au lendemain de son trépas...
Lecturas obligatorias del mundo
¿Recuerda aquellos libros que mandaban leer en la escuela? Eran las llamadas lecturas obligatorias. Fueron esos escritores y esos textos quienes nos influyeron para amar, para crecer, para expresarnos… Los mismos que hicieron nacer en nosotros, la pasión por la lectura. Algunos de estos maestros fueron Cervantes, Machado o Delibes ¿Pero sabe qué se leía en Francia, Alemania, Estados Unidos…?
En IberLibro le invitamos a descubrir las lecturas obligatorias de escuelas e institutos de otros países.
Dès le début de leur relation, Philippe Charles-Dubreuil avait posé une exigence. « Il me demandait de lire un roman de La Varende. Puis deux, puis d'autres. Il me disait : lisez, nous verrons bien après... » Ingrid Tusch, sa future femme, avait fui la Bohême, en Europe centrale, vers l'Allemagne. Armé d'un dictionnaire franco-allemand, elle lit tout ce qu'elle peut, amoureuse qu'elle est. Les livres lus, ils se marient en 1964 et s'installent au château du Val-Séry à Moyaux, propriété de la famille Charles.
Ingrid a toujours su offrir une place aux livres de son mari. « À table, le soir avec les enfants, nous nous distribuions des phrases de La Varende. » Toujours lui, cet écrivain normand qui ne tarissait pas d'éloge sur les femmes et la Normandie. « Il ne lui manquait pas un de ses romans. » Philippe Charles possédait aussi les ouvrages de Célestin Hippeau, de l'abbé Cochet ou de Louis Boivin-Champeaux. Et des dizaines d'autres encore. Tous racontent l'histoire de sa région, depuis le XVIe siècle jusqu'à la période contemporaine. « Il les achetait en cachette parfois, quand nous traversions une période difficile financièrement. »
Cette passion des livres, Ingrid n'a jamais vraiment osé l'approcher. « C'était son jardin secret. Quand je m'y intéressais, il semblait flatté. Mais il n'a jamais vraiment échangé à ce sujet. » Pas même en direction de leurs cinq enfants.
« Nous les vendrons »
Quelque temps avant sa mort, à 84 ans, il a toutefois narré le début de son amour des livres à sa femme : « Il était scolarisé à Évreux. Un après-midi de 1940, après l'école, sa mère est venue le chercher mais ils ne savaient pas où aller car il pleuvait. Elle l'a emmené à la bibliothèque municipale. Il avait 16 ans. »
Il en avait aussi écrit la fin de l'histoire : « Il m'avait dit : si un jour nous avons besoin de le faire, nous les vendrons. » Ce jour-là est arrivé. Les droits de succession sont à payer. Ingrid n'a pu se résoudre à faire une sélection dans cette incroyable collection. Son coeur s'est serré le jour où elle a pris sa décision.
Ni aujourd'hui ni demain, elle n'assistera à la vente de la bibliothèque de son époux. « Je n'aurai pas le courage. »
Peut-être observera-t-elle quand même, depuis sa fenêtre, le théâtre des enchères organisées dans la cour du château.
« Pour digérer le savoir il faut l’avoir avalé avec appétit. »
Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard