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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 09:13

Le roman révèle parfois des pépites. Ainsi, par exemple, une certaine vision de l'Histoire dans le Goncourt 2011. Alexis Jenni dans L'art français de la guerre livre une perspective qui, pour le moins rapportée à l'actualité, mérite réflexion.

Les Fantômes nous inspiraient :les problèmes, nous essayons de les confondre avec ceux d'avant, et de les résoudre comme nous avions échoué à résoudre ceux d'avant. Nous aimons tellement la force, tellement depuis que nous l'avons perdue. un peu plus de force nous sauvera, croyons-nous toujours, toujours un peu plus de force que celle que nous disposons. Et nous échouerons toujours encore.

Et le romancier d'ajouter :

Comme nous ne savons plus qui nous sommes, nous allons nous débarrasser de ceux qui ne nous ressemblent pas. nous saurons alors qui nous sommes, puisque nous serons entre ressemblants. ce sera nous. Ce "nous" qui restera, ce sera ceux qui se seront débarrassés de ceux qui ne leur ressemblent pas.

La force et la ressemblance sont deux idées stupides d'une incroyable rémanence ; on n'arrivera pas à s'en défaire. Elles sont deux croyances aux vertus physiques de notre monde, deux idées d'une telle simplicité qu'un enfant peu les comprendre; et quand un homme possède la force est animé d'idées d'enfant, il fait d'effroyables ravages. La ressemblance et la force sont les idées les plus immédiates que l'on puisse concevoir, elles sont si évidentes que chacun les invente sans qu'on les lui enseigne. On peut construire sur ces fondations un monument intellectuel, un mouvement d'idées, un projet de gouvernement qui aura de l'allure, qui tombera sous le sens (l'expression est un présage), mais si absurde et si faux qu'à la moindre application il s'effondrera, écrasant dans sa chute des victimes par milliers. Mais on n'en tirera aucune leçon, la force et la ressemblance n'évoluent jamais... Ce sont des idées d'enfant : les enfants rêvent toujours de plus de force, et ils cherchent à qui ils ressemblent.

 

Alexis JENNI, L'art français de la guerre, Paris, Gallimard, 2011, pp. 475 - 476

 

 

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Published by Yves Marion - dans Mes lectures
5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 12:41

Le prix Goncourt 2011 attribué à Alexis Jenni pour L'art français de la guerre,  son premier roman mérite une re-lecture attentive qui réserve des surprises et suscite  réflexion, telle cette affirmation :

"Bien plus qu'un façon de vivre, la France est une façon d'expirer, une façon de presque mourir, un sifflement désordonné suivi de minuscules sanglots à peine audibles.

La France est une façon de mourir ; la vie en France est un long dimanche qui finit mal".

Alexis Jenni, L'art français de la guerre, Gallimard, 2011, p. 326.

 

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Published by Yves Marion - dans Mes lectures
17 juillet 2017 1 17 /07 /juillet /2017 15:42

La capacité d'obéir est infinie...

"La capacité d'obéir est infinie, c'est un des traits humains les mieux partagés; on peut toujours compter sur l'obéissance... Un claquement de doigts suffit : on a tellement l'habitude. Quand on ne sait ne sait plus quoi faire, on fait comme on nous dit... L'obéissance est inscrite si profond dans le moindre de nos gestes qu'on ne la voit même plus. On suit". 

JENNI, Alexis, L'art français de la guerre,  Gallimard, NRF, 2011, p. 92

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Published by Yves Marion - dans Mes lectures
2 juillet 2017 7 02 /07 /juillet /2017 07:49

" ... Il y a toujours un contexte. Mais si on le laisse nous écraser, alors nous sommes condamnés à renoncer"

Christiane Taubira, propos recueillis par Fabienne Pascaud et Yasmine Youssi, Télérama n° 3520, 28/06/ 2017, p. 8.

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20 mai 2017 6 20 /05 /mai /2017 14:51

Relisant Les considérations sur la Révolution française de Mme de Staël, on trouve des passages intéressants témoignant d'une grande lucidité d'analyse en même temps qu'une pertinence des arguments que l'histoire ne cesse d'illustrer. Le lecteur se reportera aux pages les plus significatives de l'historienne, Tome 2, IV, chap 1 & 2, pour comprendre comment Bonaparte est parvenu à conquérir le pouvoir. Son habilité politique, selon Mme Staël, repose sur le fait qu'il parvient à s'imposer en devenant " l'espoir de chacun : républicains, royalistes, tous voyaient le présent ou l'avenir dans l'appui de sa main puissante". Il avait su préparer "les esprits à la révolution" qu'a constitué sa prose de pouvoir. Tous s'y sont laissés prendre au point qu'il "embrouilla la question la plus simple, celle de l'élection"

Les analyses de Mme Staël, même si elles sont marquée d'une certaine distance peu amène à l'égard de l'homme qui incarna ce qui caractérise le Bonapartisme, méritent réflexion.

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 09:47

La constitution de la Ve République est une formidable machine à produire de la "monarchie républicaine". Personne ne le conteste. Moins encore l'un de ceux qui en a été l'un de ses représentants les plus significatifs qui, pourtant, n'avait pas manqué d'en pointer les dérives.

Relisons les dernières lignes qu'il y consacre dans un ouvrage, "Le coup d'Etat permanent" , publié en 1965 :

"Au régime vieillot qui s'applique à perpétuer une société agonisante ils peuvent (parlant des républicains) opposer la promesse féconde d'un monde nouveau où la loi, sage et hardie, fera du peuple son propre maître. ils ont de leur côté la liberté et la justice. S'ils l'osent, ils auront l'espérance" 

François Mitterrand, Le coup d'Etat permanent, Coll. 10/18, 1965, p. 242

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 09:44

Se souvenir de la formule de Lampédusa dans le Guépard : "Il faut que tout change, pour que rien ne change !"

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 09:42

" La question est de savoir si la politique vise à servir les intérêts d'une minorité de privilégiés ou si elle doit s'inspirer d'une exigence humaniste et universaliste pour agir dans le monde."

 

Lionel Jospin, L'impasse, Flammarion, "Café Voltaire", 2007, p. 135

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 09:31

"Phénomène dominant de la concentration capitaliste, la banque entre partout, s'empare de tout, absorbe et dévore ceux qu'elle a pour mission d'aider. Elle ne se contente pas de vendre du crédit, elle achète un pouvoir [...] Pour qualifier la Ve République [...] j'opterai pour la" République des banquiers". (La Rose au poing, pp. 207-209)

 

Ainsi s'exprimait François Mitterand en 1972 ! 

 

La Rose au poing, Flammarion, "Textes politiques", 1972, 224 p.

 

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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 13:40

Chateaubriand parlant de M. de Necker :

" M. de Necker était le père de Madame de Staël. Sa vanité ne lui permettait guère de penser que son vrai titre au souvenir de la postérité serait la gloire de sa fille."

Mémoires d'Outre-tombe. L 5, Chap. 10.

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