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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 18:03

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Published by Yves Marion - dans Histoire de l'école
22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 17:22
Jean Jaurès, Lettre aux instituteurs, La Dépêche de Toulouse, 15 janvier 1888

Jean Jaurès - Lettre aux instituteurs et institutrices (La Dépêche de Toulouse, 15/01/1888)

Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu'ils aient une idée de l'homme, il faut qu'ils sachent quelle est la racine de nos misères : l'égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse. Il faut qu'ils puissent se représenter à grands traits l'espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l'instinct, et qu'ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s'appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l'âme en éveillant en eux le sentiment de l'infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c'est par lui que nous triompherons du mal, de l'obscurité et de la mort. Eh ! Quoi ? Tout cela à des enfants ! - Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler... J'entends dire : « À quoi bon exiger tant de l'école ? Est-ce que la vie elle-même n'est pas une grande institutrice ? Est-ce que, par exemple, au contact d'une démocratie ardente, l'enfant devenu adulte, ne comprendra pas de lui-même les idées de travail, d'égalité, de justice, de dignité humaine qui sont la démocratie elle-même ? » - Je le veux bien, quoiqu'il y ait encore dans notre société, qu'on dit agitée, bien des épaisseurs dormantes où croupissent les esprits. Mais autre chose est de faire, tout d'abord, amitié avec la démocratie par l'intelligence ou par la passion. La vie peut mêler, dans l'âme de l'homme, à l'idée de justice tardivement éveillée, une saveur amère d'orgueil blessé ou de misère subie, un ressentiment ou une souffrance. Pourquoi ne pas offrir la justice à nos cœurs tout neufs ? Il faut que toutes nos idées soient comme imprégnées d'enfance, c'est-à-dire de générosité pure et de sérénité. Comment donnerez-vous à l'école primaire l'éducation si haute que j'ai indiquée ? Il y a deux moyens. Tout d'abord que vous appreniez aux enfants à lire avec une facilité absolue, de telle sorte qu'ils ne puissent plus l'oublier de la vie, et que dans n'importe quel livre leur œil ne s'arrête à aucun obstacle. Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c'est la clef de tout.... Sachant bien lire, l'écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée très haute de l'histoire de l'espèce humaine, de la structure du monde, de l'histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l'humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l'esprit ; il n'est pas nécessaire qu'il dise beaucoup, qu'il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu'il leur donnera concourent nettement à un tableau d'ensemble. De ce que l'on sait de l'homme primitif à l'homme d'aujourd'hui, quelle prodigieuse transformation ! Et comme il est aisé à l'instituteur, en quelques traits, de faire, sentir à l'enfant l'effort inouï de la pensée humaine ! Seulement, pour cela, il faut que le maître lui-même soit tout pénétré de ce qu'il enseigne. Il ne faut pas qu'il récite le soir ce qu'il a appris le matin ; il faut, par exemple, qu'il se soit fait en silence une idée claire du ciel, du mouvement des astres ; il faut qu'il se soit émerveillé tout bas de l'esprit humain qui, trompé par les yeux, 2 Jean Jaurès, Lettre aux instituteurs et aux institutrices – Janvier 1888 a pris tout d'abord le ciel pour une voûte solide et basse, puis a deviné l'infini de l'espace et a suivi dans cet infini la route précise des planètes et des soleils ; alors, et alors seulement, lorsque par la lecture solitaire et la méditation, il sera tout plein d'une grande idée et tout éclairé intérieurement, il communiquera sans peine aux enfants, à la première occasion, la lumière et l'émotion de son esprit. Ah ! Sans doute, avec la fatigue écrasante de l'école, il est malaisé de vous ressaisir ; mais il suffit d'une demi-heure par jour pour maintenir la pensée à sa hauteur et pour ne pas verser dans l'ornière du métier. Vous serez plus que payés de votre peine, car vous sentirez la vie de l'intelligence s'éveiller autour de vous. Il ne faut pas croire que ce soit proportionner l'enseignement aux enfants que de le rapetisser. Les enfants ont une curiosité illimitée, et vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde. Il y a un fait que les philosophes expliquent différemment suivant les systèmes, mais qui est indéniable : « Les enfants ont en eux des germes de commencements d'idées. » Voyez avec quelle facilité ils distinguent le bien du mal, touchant ainsi aux deux pôles du monde ; leur âme recèle des trésors à fleur de terre ; il suffit de gratter un peu pour les mettre à jour. Il ne faut donc pas craindre de leur parler avec sérieux, simplicité et grandeur. Je dis donc aux maîtres pour me résumer : lorsque d'une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque, d'autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d'éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront.

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Published by Yves Marion - dans Histoire de l'école
7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 18:00

De la part de Christophe Canivet.

Les inondations du week-end dernier ont été littéralement désastreuses dans le sud-est et nous ne pouvons que compatir.

178 ans auparavant, jour pour jour, c'était la vallée de la Vire qui souffrait.

 

L’Assemblée nationale, 10 octobre 1852

Inondations. 

On écrit de Saint-Lô, 5 octobre : 

 

Les désastres que nous avions prévus se sont malheureusement réalisés. Sur les trois heures de l’après-midi, une partie des bâtiments et de la mécanique du moulin de la famille David, situé près le pont de Candol, sur la route de Villedieu, à quatre kilomètres de Saint-Lô, en amont du pont de cette ville dit le pont de Vire, n’a pu résister à l'impétuosité dévastatrice du torrent et a été enlevée. L'eau qui hausse toujours est arrivée sur la route même et va intercepter la communication entre les deux rives. 

Vers la même heure de l'après-midi, le pont de Gourfaleur, situé à deux kilomètres en amont du pont de Candol, sur la route de Tessy, s'écroulait avec fracas dans la rivière, entraînant dans sa chute une charrette attelée de trois chevaux qui le traversait au moment même. Par un hasard providentiel, le conducteur est parvenu à se sauver. Un cheval seul a pu être retiré. 

Huit heures du soir. — Il est certain que le pont de Tessy, bourg situé également sur la Vire supérieure, à deux myriamètres de Saint Lô, a perdu deux de ses arches. 

Le pont de Vire, qui sépare la ville de Saint-Lô de la route de Coutances, et dont l'une des arches est aujourd’hui même en voie de reconstruction, a tenu bon jusqu'ici, mais on craint pour la nuit. 

Les autorités rivalisent de zèle, M. Albert Dubois, maire de la ville, et toute l'administration départementale et municipale, ainsi que celle des ponts et chaussées, déploient une activité digne des plus grands éloges. 

La gendarmerie, la troupe de ligne vont passer la nuit dans les divers quartiers inondés. 

Plusieurs radeaux de sauvetage ont été établis dans chacune des rues qui longent la rivière. Les voitures, depuis midi, ne peuvent plus suffire à cause de l'élévation toujours croissante des eaux. L'atmosphère est loin d'être sereine ; mais il n'est plus tombé d'eau depuis dix heures. Toute la contrée est dans la consternation. 

6 octobre, sept heures du matin.— Nous venons de voir le Pont de Vire, il est à moitié démoli. Trente-cinq mètres environ d'une ancienne construction du côté d'amont se sont détachés, sans être encore complètement entraînés, retenus qu'ils sont par la partie du pont qui reste encore debout. C'est sur les deux heures du matin qu'à la suite de deux craquements épouvantables cet écroulement a eu lieu. La communication a été interrompue entre les deux rives. 

Huit heures du matin. — Le sauvetage des habitants de la rue des Ruettes, située en amont du pont dont il s'agit, se poursuit avec activité. Parmi les personnes qui se sont le plus distinguées dans cette tâche pénible, on cite M. Louis Enouf, ouvrier tanneur, qui a passé toute la nuit à aider à enlever sur son bateau les personnes restées dans les chambres du quartier submergé. 

On parle également de la destruction du pont de Pont-Farcy, situé au-dessus de Tessy, mais ce désastre n'est pas encore officiel. 

Les pertes occasionnées par ce débordement extra ordinaire de la Vire doivent être immenses. L'eau a atteint son maximum d'élévation hier soir de huit à neuf heures. Depuis elle a baissé, et au moment où nous écrivons, cette baisse peut être évaluée à 1 m. 15. 

Midi. — De nouveaux malheurs sont à redouter. L'eau remonte !

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Published by Yves Marion - dans Histoire
5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 16:16

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Published by Yves Marion - dans Informations
23 septembre 2020 3 23 /09 /septembre /2020 11:45

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Published by Yves Marion - dans Histoire
5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 18:12

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Published by Yves Marion - dans Histoire
5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 14:20

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Published by Yves Marion - dans Histoire Littérature
5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 09:54

En ce mois de septembre où, exceptionnellement,  le Tour de France occupe les esprits, on explique que l'industrie du vélo ne s'est jamais aussi bien porté. Les raisons avancées en sont évidentes. Les contraintes liées à l'épidémie du Covid 19 et les mesures sanitaires induites ont fait prendre conscience à beaucoup d'un retour sur soi et de l'intérêt de retrouver les joies et les bienfaits de la bicyclette.

Il semble qu'il en soit ainsi dans toutes les situations de crises. Henri Amouroux dans son ouvrage La vie des Français sous l'Occupation, au chapitre intitulé "Un jeune ménage s'installe", précise : "Les années d'occupation consacrent, en effet, le triomphe de la "petite reine". Le chiffre des plaques de bicyclettes vendues passe de 7. 430. 526 en 1940 à 10.711.808 en 1942. Un vélo pour quatre Français en comptant les enfants au berceau et les vieillards !..."

Mais les vélos coûtent chers. "Ils constituent , entre voleurs et propriétaires, l'enjeu d'une bataille quotidienne. A paris, malgré garages, chaînes et antivols, 22.000 vélos sont volés dans les trois derniers mois de 1940. Des bandes opèrent devant les cinémas, les bureaux de poste et d'allocations familiales, devant les mairies... Chaque membre de la bande a sa spécialité : vol, démontage, maquillage, revente.

Les policiers arrêtent souvent les voleurs, mais ils sont impuissants à retrouver les précieuses machines que l'on prend très vite l'habitude de ne jamais abandonner la nuit dans quelque couloir, que l'on monte, sur son épaule, jusqu'au quatrième étage, jusqu'au palier, jusqu'à l'appartement."

Source :

AMOUROUX Henri, La vie des Français sous l'Occupation, Paris, Librairie Arthème fayard, 1961, 577 p.

5 septembre 2020

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Published by Yves Marion - dans Histoire
5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 09:37

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Published by Yves Marion - dans Histoire
1 septembre 2020 2 01 /09 /septembre /2020 09:53

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